Le Réel traumatique de la pandémie

La Covid-19 est exemplaire de symptômes qui se produisent dans le vivant – le corps qui se jouit – sans que l’inconscient ne les prenne forcément en charge. C’est dans son séminaire RSI que Lacan disjoint le symptôme qui se produit dans l’Autre dont le lieu est le corps et l’inconscient qui ne s’en charge pas forcément. Il faut du Symbolique dans ce Réel pour que l’inconscient s’en mêle. Si tel est le cas, alors le sujet va droit vers le trauma par le ratage de cette rencontre attendue entre le Réel et le Symbolique (Lacan, Séminaire XI). Mais la production « symptroumatique » fait le raboutage entre le Réel et l’Inconscient par un cortège de symptômes, de fantasmes et d’affects, qui vont de l’abandon à la détresse infantile, en passant par l’angoisse, la phobie et autres. Le symptôme prend ici la fonction de donner une forme (une Gestalt) au chaos de ce virus (Cf. Le Timée de Platon). Seule façon de supporter l’illimité et l’incertitude dans un monde qui n’a rien à envier à La Peste de Camus. En somme le symptôme produit par la fonction phallique vient faire limite à cette jouissance Autre illimitée qui, comme dans La Peste, nous « supprime l’avenir ». S’il en va autrement, le vivant s’enroule dans un autisme qui n’attend plus rien de l’Autre en restant « prisonnier » du virus dans un individualisme illimité.

La solution passera par un nouvel humanisme mondialisé qui doit se charger du vivant par le partage du savoir sur ce réel et sa distribution fraternelle.

Le prix à payer en cas d’échec sera l’effondrement des démocraties et l’avènement des populismes d’extrême droite, et les dictatures.

La maladie de la Covid-19 est articulée aux maladies chroniques des démocraties.

Christian Hoffmann